LA GALÈRE DE L'AMIRAL

Dans un petit cimetière marin, sur les côtes bretonnes, une modeste tombe porte, gravée en lettres dorées sur le flanc de la pierre de granit, la mention :

ABBÉ JOSEPH BELLEGUIC, RECTEUR, ANCIEN AUMÔNIER DE LA « ROYALE », DIT « L'AMIRAL »

Vous qui allez lire cette prose irrespectueuse, in-digne d'un bon chrétien, baptisé, catéchisé, je n'en rougis point, que non ! Moi, le poilu en rupture de ban, qui le temps de la blague a déserté ses tranchées. Le virus aurait-il aussi tué le fou rire ? Qu'à cela ne tienne ! Oui je l'avoue, je le confesse, à écrire ces lignes je me suis bien amusé, ô combien, à charrier mon saint évêque, à tracer le sillon de mon très saint amiral, de mon vaillant petit maire coco d'un rouge inoxydable, de mon Eléonore dont j'ai eu beaucoup de mal à la priver de son vin de messe. Voici donc l'histoire inédite d'un amiral embarqué dans une « drôle de galère ».

Résidant à Lannion, marié et père de deux enfants, Roger Laouénan, après avoir exercé les fonctions de clerc de notaire, intègre comme journaliste Le Télégramme, à Lorient puis à Lannion. En 1980 il entame une longue saga revisitant l'histoire des Bretons dans la Grande Guerre. A ce jour il y a consacré onze ouvrages. L'un d'eux a obtenu le Grand Prix des écrivains bretons. On lui doit également cinq romans et un ouvrage thématique sur Anjela Duval. Roger Laouénan a également fondé les veillées bretonnes du Trégor ainsi que l'association « Bretagne 14-18 » toujours vivace.